Un blog de style Z

C'est un cri? C'est une Peugeot? Mais non, c'est le style z!

27 août 2006

Capillotracté

Après plusieurs mois de tergiversations, il a bien fallu que je me décide enfin. C'en était trop. Combien de minutes perdues? Combien de litres de shampooing bêtement gaspillés? Combien de marins? Combien de capitaines?

Un matin d'août 2006, alors que Phébus peinait encore à darder ses rayons au travers de la chape céleste typique du bassin parisien, je décidai d'aller chez le coiffeur. Inspiré par les études du Dr Sauerkraut (voir ci-avant et ci-après (oui oui, ça vient, promis)) mais quelque peu effrayé par les résultats de certaines errances permanentées (cf Jean-Claude Vandamme: c'est une catastrophe), je convins qu'il fallât rester sobre.

Le résultat est, avouons-le, médiocre. Mais la démarche est plus compliquée qu'il n'y paraît. Afin d'appuyer cette affirmation, j'ai préféré citer un texte qui reflète bien ma pensée, afin d'éviter de faire le même en forcément moins bien. Lisez plutôt.


"Il n'y a pas que la mode que je n'aime pas. Il y a aussi les chanteurs. C'est simple, je ne comprends même pas que l'on chante. Les chanteurs, les olives vertes, la joie dans les yeux d'un enfant, les sportifs, les racistes, les Arabes bien sûr et les mecs qui ferment le bouton du haut de leur polo. Je ne pense pas être emmerdant comme type, mais les mecs qui ferment le bouton de leur polo je ne peux pas ! Et les coiffeurs. De tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces, je hais les coiffeurs.

Comme le pou, le coiffeur est un parasite du cheveu. Non mais vous les avez vus les coiffeurs Faubourg Saint-Honoré ou sur les Champs-Elysées, qui s'habillent en cosmonautes pour couper les cheveux des gens, ça va pas non ? C'est aussi con que d'aller sur la Lune avec un peigne derrière l'oreille ! Comme le souligne à l'évidence le morne ordonnancement approximatif de ma coiffure, je ne vais jamais chez le coiffeur. Je me fais couper les cheveux par la mère de mes enfants, ou par les enfants de ma mère, ou par la mère des enfants de n'importe quel con qui a des ciseaux qui coupent mais je ne mets jamais les pieds, et encore moins la tête chez les coiffeurs puisque je vous dis que JE HAIS LES COIFFEURS !

D'ailleurs j'ai horreur qu'on me tripote la tête par derrière en me racontant des conneries dans le dos ! J'ai horreur qu'un gominé à gourmettes me chahute le cuir chevelu avec ses grosses papattes embagousées aux ongles éclatants de vulgarité manucurale. J'ai horreur qu'un Brummel de bal disco me gerbe dans le cou le crachin postillonnant des réflexions de philosophie banlieusarde que lui inspirent sporadiquement la hausse du dollar, l'anus artificiel du Pape, l'inappétence sexuelle de la petite Grimaldi depuis la mort de sa mère en bagnole, l'agonie de St-Etienne, le déclin de l'Occident, le fibrome de sa femme... pas de la femme de l'Occident... de sa femme à lui, le super merlan néo-romantique de mes deux...., la montée de la violence dans les milieux cosmopolites et puis bien sûr l'indiscipline problématique de la raie de mon quoi ?.....de la raie de mon crâne, allons !

Ah ! J'allais oublier les oscillations du thermomètre, source i-né-pui-sable de commentaires météorologiques vibrant d'incompétence mais très répandus dans les milieux capillicoles. Oui... capillicole du latin capillaris : capilla le poil...et ris on s'en fout ! En tout cas vous savez qu'on ne doit pas dire " je vais AU coiffeur ". On ne dit pas ca. Non, on ne doit pas dire " je vais AU coiffeur " mais on doit dire " je vais AU capilliculteur ". J'ai même vu une enseigne de capilliculteur bio-cosméticien. Je vous assure ! La bio-cosmétique regroupant vraisemblablement l'ensemble des techniques capillicoles consistant à enduire de vaseline la raie de mon quoi ?... La raie, une fois de plus, de mon crâne, voilà ! Et en nocturne comme le son et lumière à Chambord ! On ne se fait plus couper les tifs après la bouffe mais on se rend en séance de consultation de capilliculture bio-cosméticienne en nocturne.... HE LES MERLANS ! Vous ne croyez pas que vous péter plus haut que la votre de raie ?

Femmes de France, tout à l'heure je vous demandais de ne plus marcher dans la mode, maintenant je vous supplie, n'allez plus jamais chez le coiffeur ! D'abord ça ne sert à rien. Non ca ne sert à rien, réfléchissez une seconde... les Russes arrivent. Bon, dans un mois si tout va bien et si le temps le permet c'est la guerre, d'accord ? Dans cinq ans c'est la libération que n'attendez-vous donc jusque là pour vous faire tondre ?"

Pierre Desproges (1984)